De Granville à Coutances (Manche)
Géologie et Bâti - Page 4

La grande diversité des matériaux disponibles, extraits localement du sous-sol ou transportés par voie maritime, a amené les habitants à associer différents types de pierres dans les murs du bâti traditionnel, pour des raisons de commodité mais aussi d’esthétique. Cette diversité est particulièrement visible dans le Coutançais, dans les bourgs du bord de la Sienne tels que Regnéville et Tourville-sur-Sienne, ainsi qu’à Agon-Coutainville.

Le château de Regnéville est un bel exemple de l’utilisation d’un mélange de deux matériaux contrastés : le Calcaire de Montmartin gris clair, d’extraction locale, et les Conglomérats pourprés cambriens, provenant de carrières situées à une quinzaine de kilomètres au Sud, en bordure de la Sienne. Les encadrements des ouvertures ont été réalisés en granodiorite cadomienne de Chausey. L’assemblage de ces matériaux divers a fait preuve d’une assez bonne résistance lors de la destruction du château au XVIIe siècle.
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Eglise de Regnéville      L’église Notre-Dame a été construite au XIIIe siècle avec une grande diversité de matériaux, locaux ou régionaux, issus en majorité du socle armoricain : grès, conglomérats, schistes et granodiorite. La porte sud présente un encadrement de calcaires blanc crème d’âge jurassique : le Calcaire de Valognes d’âge hettangien (ou le Calcaire de Creully d’âge bathonien ?) issu des terrains du Bassin parisien, qui s’étendent à l’Est du Massif armoricain.
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Mur polychrome     
Parmi les matériaux variés, les moellons de Conglomérat pourprés cambriens contrastent fortement avec les nombreux moellons gris très clair de grès et poudingues du Carbonifère inférieur.
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Pilier du clocher tour     Les gros blocs du chaînage d’angle sont taillés majoritairement dans le Conglomérat pourpré du Cambrien, provenant des carrières de Gavray, bourg situé sur la Sienne.
Pilier du clocher tour
De haut en bas, on peut identifier :
- une longue pierre taillée dans le Conglomérat pourpré du Cambrien,
- un poudingue gris clair, du Carbonifère inférieur, encadré par de la granodiorite cadomienne de Chausey,
- un bloc de Calcaire de Montmartin, gris clair homogène, exploité localement, à Montmartin-sur-Mer.
Mur de clôture en pierres sèches
Ce mur, très hétérogène, borde le chemin des matelots qui part de l’église de Regnéville. Les gros blocs superposés ont été taillés dans la granodiorite cadomienne ; ce sont des matériaux de récupération. La plupart des autres pierres, grossièrement taillées, ont une origine locale. Les pierres les plus abondantes sont des Conglomérats pourprés cambrien et du Calcaire de Montmartin carbonifère gris clair. D’autres pierres gris clair sont des grès et conglomérats de la base du Carbonifère.
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Poudingue de la Formation du Robillard (faciès Culm du Carbonifère inférieur)
Le poudingue est composé essentiellement de graviers de quartz (blanc) et de phtanite (noir) reliés par un ciment quartzeux. Contrairement aux conglomérats pourprés d’âge Cambrien, celui-ci ne présente pas de rubéféfaction.
Bloc grossièrement taillé dans un grès quartzite de la Formation du Robillard
Ce grès renferme des grains noirs de phtanite. Située à la base de la série carbonifère du synclinal de Montmartin, la Formation des Grès du Robillard a été exploitée dans une petite carrière située à l’Ouest de Montmartin-sur-Mer
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Façade bicolore au Sud de Lingreville
La façade est constituée d’une mosaïque de moellons taillés assez grossièrement dans les Conglomérats pourprés, à patine ocre, d’âge Cambrien, et dans le Calcaire de Montmartin, gris clair, d’âge Carbonifère. L’association des deux matériaux au fort contraste de couleur répond probablement à une recherche esthétique. Les linteaux et encadrements des ouvertures sont en Calcaire de Montmartin dont la taille permet d’obtenir des pierres aux faces lisses.
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Eglise de Tourville-sur-Sienne (en rive droite du Havre de Regnéville)
Les murs de l’église, ainsi que les murs de clôture voisins, présentent un véritable échantillonnage des roches du sous-sol de la région. La diversité géologique est d’ailleurs signalée dans le texte de la table d’information placée à proximité de l’église.
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Porte sud de l’église de Tourville
Les arcs de voûte de cette porte comportent plusieurs matériaux différents : des calcaires jurassiques (dans l’arc supérieur), de la granodiorite cadomienne encadrée par des gros blocs de conglomérats pourprés et grès rouges cambriens. L’encadrement est constitué de blocs de granodiorite. L’appareil de l’encadrement de la fenêtre (à gauche sur la photo) est en Calcaire de Montmartin, gris clair.
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Dans cette mosaïque de matériaux du mur nord de l’église de Tourville, on peut identifier des grès et conglomérats rouges du Cambrien, de la Diorite de Coutances, d’aspect moucheté et parcourue de fines fractures noires, du calcaire jurassique blanc crème (Calcaire de Valognes ?).
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Mur à Agon-Coutainville
Cet appareil irrégulier en pierres peu retaillées et de différents calibres présente aussi une grande diversité : schistes briovériens bruns, phtanite (Briovérien inférieur) noir, Diorite de Coutances (Briovérien) foliée, Conglomérat pourpré (Cambrien), conglomérat et grès à grains de phtanite (Carbonifère) gris clair. Toutes ces roches sont d’origine locale.
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Eglise St Paul à Granville
Construite à la fin du XIXe siècle dans le style romano-byzantin et dominant la ville basse de Granville, cette église à la façade polychrome est fermée au public. Déclassée en 2017, elle est dans l’attente nouvelle affectation. En effet, le dôme construit en béton de mauvaise qualité risque de s’effondrer. De plus, l’emploi de matériaux aux propriétés différentes a fragilisé l’édifice et accéléré sa dégradation.
L’élévation de la façade polychrome de l’église Saint-Paul comporte de la granodiorite gris moucheté, du calcaire gris, du calcaire jurassique blanc crème, et un remplissage de schistes briovériens.
L’alternance de calcaire gris et de calcaire blanc contribue à donner à l’édifice un style néo-byzantin. Les éléments d’ornementation, finement sculptés sont en calcaire jurassique relativement tendre.
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Le calcaire jurassique blanc crème résiste beaucoup moins bien à l’altération que le Calcaire de Montmartin, gris clair.
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