Traversée Nord-Sud du Massif d'Ecouves (Orne)
Ampélites (Silurien - Wenlockien) - La Ferrière-Béchet

La Formation des Ampélites, datée du Silurien, appartient au flanc nord de l’anticlinal d’Ecouves tout en constituant le cœur du synclinal de Sées, qui succède à l’anticlinal d’Ecouves vers le Nord.
Les ampélites, roches argileuses tendres et altérables, affleurent rarement ; cependant elles sont encore visibles à La Ferrière-Béchet dans une ancienne petite carrière (actuellement en domaine privé) dont l’intérêt est historique. En effet, ce sont ces ampélites qui ont été utilisées à la fin du 18e siècle par le normand Nicolas-Jacques Conté pour l’invention et la fabrication des crayons portant son nom.
La mise au point d’une mine constituée d’un mélange de graphite et d’argile a permis alors à la France de ne plus dépendre de ressources naturelles étrangères, les mines de crayon étant alors constituées de graphite pur extrait dans la région du Cumberland en l’Angleterre.

L’ancienne carrière d’ampélites autrefois exploitée subsiste sous forme d’une excavation située au fond du jardin de l’ancien presbytère de La Ferrière-Béchet. Ce jardin est actuellement un lieu privé.

L’ancien presbytère (propriété privée) se situe à côté de l’église de La Ferrière-Béchet et de son cimetière entouré de murs. Le bourg de La Ferrière-Béchet se situe à 8 km à l’ouest de Sées sur la route D 908 qui longe la bordure nord de la forêt d’Ecouves de Carrouges à Sées.

Détail de l’affleurement d’ampélites
Les ampélites sont des roches tendres et très altérables, noirâtres, à patine brune ; elles présentent un débit en plaquettes. 
Photo extraite d’une affiche réalisée par le Parc Naturel Régional Normandie Maine
Echantillons d’ampélite 
Les ampélites sont des roches à grain fin, noires, riches en matière organique et en sulfures de fer. Elles sont issues de la consolidation de sédiments argileux déposés dans une mer calme anoxique. La pauvreté du milieu en oxygène a favorisé la conservation de la matière organique qui donne à la roche sa couleur noire.
Les ampélites ont fourni une faune fossile, essentiellement pélagique et planctonique (graptolites), qui témoigne d’un âge wenlockien (Silurien). Cette faune fossile comporte des graptolites (dont Monograptus dubius), des bivalves (dont Cardiola interrupta), des hyolites et des ostracodes.
Les graptolites étaient des animaux coloniaux pélagiques flottant dans les eaux oxygénées de la surface. Les structures rectilignes en lames de scie portent des petites loges latérales qui abritaient des individus.
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Riches en carbone, les ampélites sont des roches traçantes. Elles ont été utilisées par le normand Nicolas-Jacques Conté à la fin du 18e siècle pour la fabrication des premiers crayons. Conté eut l’idée de mélanger l’ampélite au kaolin pour stabiliser la mine. Les gisements d’ampélite, à La Ferrière-Béchard, et de kaolin, à Mauperthuis, lui furent indiqués par le géologue Jean-Etienne Guettard rencontré pendant sa carrière de peintre.

 

 

Crayons Conté
Nicolas-Jacques Conté a inventé en 1795 le crayon tel qu’on le connaît encore aujourd’hui. Il a mis au point la mine moderne composée d'un mélange d'argile et de graphite (carbone) cuit à haute température, dont la dureté peut être graduée, et il a eu l’idée de protéger la mine entre deux demi-cylindres de bois de tilleul. Il créa la première manufacture de crayons. Le crayon fut la seule invention pour laquelle il déposa un brevet afin de subvenir aux besoins de sa famille. Par ailleurs, il versa au domine public ses nombreuses autres inventions.
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Buste de Conté à Sées, entre l’hôtel de ville et le parvis de la cathédrale
Nicolas-Jacques Conté est né en 1755 près de Sées dans une famille de paysans. Autodidacte, il fut d’abord peintre à Sées dès l’âge de 14 ans, puis à Paris ; il fut ensuite chimiste, physicien, aérostier, inventeur de nombreux instruments, machines et divers procédés, fondateur du Conservatoire des Arts et Métiers. En tant qu’aérostier et savant, il fut au centre de la campagne d’Egypte menée par Bonaparte.

Panneau d’information installé sur la place de la mairie

Comme l’atteste son portrait, Conté perdit un œil en 1795, à l’âge de 40 ans, en expérimentant sur les vernis utilisés pour rendre étanches les toiles des ballons à hydrogène. En 1784, il avait déjà lancé un ballon gonflé à l’hydrogène depuis la flèche nord de la cathédrale de Sées et en 1798 il fut nommé chef des aérostiers pour la campagne d’Egypte.
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A Alençon, au Nord-Est de la gare, une rue porte le nom de Conté.
Lors des nombreux hommages rendus après sa mort, les savants contemporains de Conté dirent de lui : « il  avait toutes les sciences dans la tête et tous les arts dans la main », ou encore : « homme de bien, il dévoua sa vie au bien public et offrit dans sa carrière le sublime accord du génie et de la vertu ».
Dans ses Mémoires, Napoléon Bonaparte le présente comme un « homme universel ayant le goût, les connaissances et le génie des arts… ».

Source bibliograpique :
Anne-Sophie Boisgallais « A l’ombre des Lumières - Nicolas Jacques Conté »,  La Fabrique de la Mémoire Editeur à Sées

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