Bénerville et Mont Canisy
Coral Rag - Oxfordien moyen - Page 1 - Les gerbes de polypiers

Le sommet du Mont Canisy est constitué par la Formation récifale du Coral Rag (ou Calcaire corallien de Trouville), formation d’âge Oxfordien moyen, qui surmonte la Formation du Calcaire oolithique de Trouville.
A l’Oxfordien moyen, le long du rivage armoricain, plusieurs petits récifs coralliens de type coral-patches se sont développés dans une mer chaude, sur les hauts fonds formés par des sables oolithiques ; ainsi, du Nord au Sud, se succèdent les récifs du Mont Canisy, de la Roque-Baignard (Pays d’Auge) et du secteur de Mortagne-au-Perche. Lors des tempêtes, ces récifs fournissaient de grandes quantités de débris (bioclastes) alimentant la sédimentation périrécifale.
Le récif du Mont Canisy présente de nombreux fossiles d’organismes constructeurs qui peuvent être étudiés dans les blocs éboulés éparpillés sur la plage. Les blocs les plus spectaculaires sont des grosses gerbes de polypiers branchus.

Gerbe de polypiers provenant de la formation récifale du Mont Canisy
Les colonnes squelettiques, légèrement ocres, sont enveloppées dans une matrice claire résultant du dépôt d'une boue blanche carbonatée dans les interstices de l'édifice.
Ce polypier colonial de grandes dimensions appartient probablement au genre Calamophylliopsis
La plupart des blocs rocheux éparpillés sur le haut de plage de Bénerville sont des gerbes de polypiers. Ces blocs, issus de la corniche sommitale du Mont Canisy, ont été entraînés vers le bas du versant par des glissements anciens sous climat périglaciaire. La mer a déblayé les coulées de boue et a laissé sur place des blocs récifaux polis par les vagues.
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Les blocs rocheux sont recouverts par la mer à marée haute.
On aperçoit, en arrière-plan, la ville de Trouville et le début des falaises des Roches Noires qui exposent la suite de la série oxfordienne (Oxfordien moyen et supérieur).
Gerbe de polypiers
Une partie de la formation récifale est constituée par des gerbes de colonnes squelettiques assez massives, aux parois ocres. Ces colonnes présentent des ramifications dichotomiques, ce qui provoque la légère divergence responsable de la forme en gerbe.
A l’Oxfordien moyen, il y a environ 160 Ma, des buissons de coraux se développaient sur des hauts fonds dans des eaux chaudes et claires ; ils participaient à l’édification d’une barrière de corail, assez modeste et discontinue, à l’Est du rivage armoricain.
Les colonnes squelettiques de ces polypiers (couchés), vues en coupe longitudinale, ont été recristallisées en calcite ocre. L’aragonite du squelette est souvent recristallisée en calcite dont la couleur ocre est liée à la présence d’oxyde de fer.
Une boue micritique, crayeuse, comble les espaces entre les ramifications des colonnes squelettiques.
Les cavités des colonnes squelettiques peuvent être remplies de calcite blanche cristallisée secondairement en recouvrant plus ou moins les structures.
Détail des colonnes de polypiers en coupe longitudinale
On observe les planchers épais de couleur ocre, recristallisés, formés successivement au cours de la croissance du polypier. Les planchers transversaux sont convexes vers le haut de l'édifice. De fines cloisons, les septes, sont visibles dans certaines cavités.
Dans une partie des colonnes squelettiques decette gerbe de polypiers, les planchers ont disparu par dissolution ; quand ils subsistent ils apparaissent en relief. Les espaces entre les colonnes sont remplies par une boue micritique blanche.
Cette gerbe de polypiers aux ramifications denses et pauvres en recristallisations offre un aspect vacuolaire fréquent dans les faciès récifaux.
Image à survoler
Gerbe de polypiers vue de dessus
On observe les sections transversales des colonnes squelettiques, de forme circulaire, non jointives, séparées par une matrice carbonatée claire. Certaines sections présentent à leur périphérie de fines cloisons rayonnantes.
Ce rocher correspond à une gerbe de polypiers renversée.
La surface irrégulière permet d'observer des colonnes squelettiques entières (à gauche) ainsi que des sections dans des plans, longitudinaaux, obliques ou transversaux (sur le replat du rocher). Certaines colonnes montrent leurs planchers convexes.
Cette gerbe de polypiers renversée montre la divergence des colonnes squelettiques. La matrice étant réduite, les polypiers apparaissent en relief et l'ensemble présente un aspect caverneux.

Gerbe de polypiers en position verticale
Les ramifications des colonnes squelettiques présentent des planchers convexes bien visibles. Cette gerbe abrite deux autres constructions récifales, massives et d’aspect quadrillé (au milieu, en haut et en bas).

Bénerville et Mont Canisy
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