Lias - Sinémurien - Formation du Calcaire à Gryphées - Page 1
Géosite de la Carrière de Fresville (Manche)

La formation du Calcaire à gryphées compose le plateau de Sainte-Mère-Eglise qui s’étend dans le secteur SE du Cotentin, de Montebourg à la baie des Veys. Elle est caractérisée par une succession monotone d’alternances de marnes et de calcaires argileux déposés dans un large golfe en bordure du continent armoricain au Sinémurien (Lias inférieur). Epaisse de 80 à 100 m, la formation traduit une subsidence des fonds marins.
Dans la carrière de Fresville, seul le Sinémurien inférieur est représenté, sur une épaisseur d’une vingtaine de mètres.

Le front de taille nord-est
La carrière de Fresville est creusée dans une série monotone de marnes et calcaires, d’âge Sinémurien inférieur, appartenant à la formation du Calcaire à gryphées. Cette série se subdivise en deux ensembles séparés par le palier d’exploitation médian, la partie inférieure (jusqu’à 7 m au NW et 10 m à l’Est) étant plus sombre que la partie supérieure (1 à 7 m au Sud et jusqu’à 13 m à l’Est).
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Partie inférieure de la série (secteurs Est et SW)
Des alternances de calcaires et de marnes gris bleuté composent le premier gradin d’exploitation de la carrière ; sur le plan stratigraphique, ces couches appartiennent à la zone à Arietites bucklandi, du Sinémurien inférieur.
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Les bancs calcaires, gris clair, alternent régulièrement avec les bancs marneux gris sombre. Ces bancs proviennent de la consolidation de sédiments terrigènes fins (argiles) et de boues carbonatées déposés sur le fond d’une vasière marine. Selon l’importance de la fraction carbonatée, enrichie ou non par le développement du nanoplancton calcaire, les dépôts évoluent en marnes ou en calcaires argileux.
Le couple formé par un banc marneux surmonté d’un banc calcaire argileux compose la séquence élémentaire de dépôt de la formation du Calcaire à gryphées. L’épaisseur relative des bancs est variable ; ici on observe 3 bancs calcaires appartenant à 3 séquences. La séquence médiane est surmontée par une séquence dont le banc marneux, très mince, est réduit à un simple joint. Chaque doublet marne-calcaire correspond à une période de temps d’au moins 10 000 ans.

La répétition des séquences marnes et calcaires argileux est due à une variation périodique des apports sédimentaires en relation avec des phénomènes cycliques :
un enfoncement des fonds marins (subsidence), des variations du niveau de la mer (eustatisme) et des variations climatiques.
Le climat influence la production de carbonates en agissant sur le développement du nanoplancton calcaire.

Banc marneux décimétrique
Les marnes, gris sombre, sont constituées par un mélange de calcaire et d’argile (35 à 65 % d'argile). Les minéraux argileux présents sont essentiellement l’illite dont la structure est proche de celle du mica blanc et la kaolinite issue de l’altération des feldspaths potassiques. La présence de ces minéraux résulte de l’altération de roches granitiques sur le continent.
Les marnes renferment une faune benthique de gryphées et de lamellibranches variés qui peuplaient le fond d’une vasière marine.
Les calcaires, gris clair et à grain fin, sont des calcaires argileux biomicritiques, contenant de fins débris d’organismes (bioclastes) liés par un ciment de calcite microcristalline. La fraction argileuse (illite et kaolinite), inférieure à celle trouvée dans des marnes, peut atteindre ici 35%. Des accumulations de coquilles recristallisées forment des passées lumachelliques.
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Certains bancs calcaires sont très riches en coquilles de bivalves, généralement recristallisées.

Les bancs calcaires présentent des dilatations et des amincissements. Les ondulations de la surface des bancs peuvent se former au cours de la diagenèse (consolidation du sédiment) ; elles peuvent aussi résulter de phénomènes de dissolution des carbonates.
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Stratocroissance
Les bancs s’organisent en séquences d’épaisseur métrique à l’intérieur desquelles les bancs marneux diminuent en épaisseur et finissent par se réduire à un joint marneux entre les bancs calcaires. Ces séquences se terminent par une surface indurée ou bioturbée indiquant un arrêt de sédimentation.
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Surface indurée lumachellique
Située au sommet d’un banc calcaire, cette surface est riche en fossiles de bivalves. Elle correspond à un ralentissement important ou un arrêt de la sédimentation.
Trois séquences stratocroissantes sont visibles dans ce petit front de taille du secteur SE de la carrière.

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